Le Moulin d'Alphonse Daudet à Fontvieille
Je vais vous parler d'une visite que j'aime beaucoup en Provence, mais il y a tellement de lieux à voir. La première fois que j'ait visité le célèbre "Moulin d'Alphonse Daudet" à Fontvieille, c'était dans les années 1986. J'avais adorée le découvrir pour la première fois, je suis redevenue à cet instant l'écolière de CM2 lorsque je m'occupais de la bibliothèque de l'école. Ça fait toujours quelque chose de voir de ses propres yeux, un lieu qu'on a tellement imaginé en lisant ce recueil de contes que j'aimais beaucoup.
J'adorais lire, c'était pour moi l'occasion de ramener de nombreux livres à la maison et m'évader dans la lecture, j'imaginais ces lieux, je voyageais à travers mes lectures et mon imagination, je m'identifiais (souvent LOL...) aux personnages. C'est là que j'ai découvert les "Lettres de Mon Moulin" d'Alphonse Daudet, célèbre écrivain français né le 13 mai 1840 à Nîmes et disparu le 16 décembre 1897 à Paris.
ESCALIER QUI AMENE AU MECANISME À L'ÉTAGE
L'ADRESSE DU MOULIN
Avenue Des Moulins
13990 FONTVIEILLE
https://www.alpillesenprovence.com/
A FONTVIEILLE
(je vous en parlerais plus tard)
Lieu chargé d'histoire, les aqueducs et la meunerie de Barbegal constituent un ensemble romain du 1er s. av. au 2e s. apr. J.C. Les arches de deux aqueducs sont encore visibles. L'une amenait l'eau des Alpilles jusqu'à la cité d'Arelate (Arles) et l'autre faisait fonctionner la meunerie que l'on devine encore sur le versant. Véritable complexe industriel, la meunerie était constituée de 16 roues et produisait jusqu'à 25 tonnes de farine par jour.
Ce moulin appartenait au meunier Ribes. Dernier moulin en activité, il fonctionna environ un siècle pour arrêter de tourner en 1915. Il devient le "Moulin de Daudet" en 1935 sur l'initiative des Amis du Moulin, parmi lesquels Léo Lelée qui réalisa de nombreux dessins de cet endroit, dont celui du mécanisme, encore visible aujourd'hui.
Alphonse Daudet s'en inspira très largement dans les descriptions des Lettres de mon Moulin. L'auteur prétend même l'avoir acquis dans un acte de vente imaginaire, et c'est ici qu'il situe notamment le Secret de Maître Corneille.
UNE MEULE ADOSSÉE AU MOULIN
LES MEULES DU MOULIN
Le moulin de Daudet a miraculeusement conservé sa paire de meules monolithes (d'un seul bloc) d'origine.
La paire de meules constitue le cœur du moulin. Elle comprend une meule inférieure fixe (dite "gisante" ou "dormante" surmontée de sa jumelle (dite "tournante", "courante" ou "volante"), seule mise en rotation (60 tours/minute maxi) par l'engrenage actionné par les ailes du moulin.
Ces meules, de bonne qualité, sont taillées dans une roche riche en silice, probablement extraite dans les contreforts alpins.
Chaque meule (1 200 kg environ - 1,60 de diamètre) est creusée sur sa face intérieure de sillons obliques, appelés rayons, d'une profondeur de 6 à 3 mm.
LE MOULIN SOURDON
(le moulin à vent a été bâti en 1791)
Ce rayonnage permet de couper et décortiquer le grain, de l'acheminer entre les deux meules de l'intérieur vers l'extérieur et enfin de ventile l'ensemble pour éviter la surchauffe de la pierre (risque d'explosion) et de la mouture (altération du produit).
Entre les rayons et à la périphérie de la meule, une zone appelée "foulure" est striée sur une largeur d'environ 15 cm de fines rayures appelées "rhabilures" (profondes d'1 mm et d'espacées de 2 mm), parallèles aux rayons principaux. Ces ciselures sont chargées de réduire la moulure en poudre et de l'expulser dans le coffre en bois entourant les meules.
LA TRÉMIE
(elle permet d'alimenter le moulin en grain)
Outre les meules monolithes, il existe des meules d'assemblage, composées de plusieurs pierres dites "carreaux", liées au plâtre et enserrées dans un cerclage de bois ou de fer.
Nous présentons ici une pierre d'assemblage extraite à l'époque romaine et prêtée par Jacques Beauvois de la "Maison du Meulier". Elle provient d'une carrière située en Brie, près de la Ferté-sous-Jouarre, à l'époque capitale mondiale de la pierre meulière.
En effet, les pierres issues de ce gisement ont permis de fabriquer les meilleurs meules du monde, capables de produire une farine blanche, d'une qualité et d'une texture remarquables;
L'histoire du grain de blé au moulin d'Alphonse Daudet.
LA LANTERNE
(pièce mécanique du moulin)
LA COLLECTE DU BLÉ
1. Les paysans moissonnent le blé et entreposent le grain.
2. Le meunier vient au village collecter les sacs de blé.
3. Il va ensuite laver le grain dans les auges près de la fontaine.
4. Le blé est étendu sur les terrasses du moulin pour sécher avant d'être écrasé.
5. Le vent doit souffler de 20 à 60 km/heure environ pour faire tourner les ailes. Le meunier déplace alors les toiles en coton et les attache à l'armature en bois.
6. Le meunier oriente les ailes entoilées face au vent en faisant pivoter le toit au moyen du "Tourne-au-vent" à la seule force de ses bras.
7. La rotation des ailes entraîne celle de l'axe horizontal. L'engrenage formé par le rouet et la lanterne actionne la meule supérieure.
8. Les ailes du moulin tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Leur vitesse idéale est de l'ordre de 11 à 15 tours par minute.
9. Le blé est vidé dans la trémie et descend par l'auget jusqu'à l'œillard pour pénétrér entre les deux meules. La face intérieure de chaque meule est creusée de profonds sillons (rayons) qui servent à cisailler le grain et à le conduire vers la périphérie des meules. Puis les fines rainures (rhabillures) sculptées en bord de meules entrainent la mouture dans le coffre (archure).
G10. La mouture descend par le boisseau jusqu'au blutoir dont le tamis sépare les différentes qualités de farine en fonction de leur finesse. Le son est recueilli à la sortie du tambour.
G11. Avec la farine les villageois (ou le boulanger) fabriquent le pain. Le son sert à nourrir les animaux
LE TOURNE AU VENT
(il permet de faire pivoter le toit en bois et mettre les ailes face au vent)
LA TOUR DES ABBÉS A FONTVIEILLE
Après avoir pendant trois siècles, rassemblé le terroir originel de Fontvieille, les abbés de Montmajour eurent à cœur de le défendre contre les Seigneurs des Baux lorsque ceux-ci, se révoltant contre la reine Jeanne et la maison d'Anjou, lâchèrent sur la région en pleine peste noire, ces "Brigands des Baux", à savoir un ramassis de chevaliers rebelles, de paysans en rupture de ban, et de mercenaires en mal de pillage. Comme d'autres fortifications contemporaines, la Tour combinait une structure rustique à des machicoulis.
C'est pour sa construction qu'est ouverte la première carrière de pierre du village, alors que le site de Castelet, dévasté, est abandonné. Au XVe, un château est accolé à la tour : il va rapidement devenir la résidence du receveur général, administrant les revenus du monastère et exerçant la justice dans la "salle du conseil", significativement choisie, en 1790, pour la première réunion du conseil municipal.
Vendue comme bien national à la Révolution, inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 1927, elle est enfin rachetée en 1958 par le peintre Carl Liner qui la restaure et en fait un lieu d'exposition. Puis son épouse la légua à la ville en 2003, pour perpétuer ce double patrimoine architectural et artistique.
La musique que vous écoutez ci-dessous est, Musiques au Galoubet et Tambourin "Dissonance" et "Pastre dei Mountagno".
"Je rêvais de rester là tout le jour,
comme un lézard, à boire de la lumière,
en écoutant chanter les pins."
Alphonse Daudet - Les Lettres de mon Moulin
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