J'Aime les Musées et les Vieilles Pierres

J'Aime les Musées et les Vieilles Pierres

Renée - pour Nadine - Sans vous, le silence...

 

 

RENEE

 

 

Ma chère Renée, en faisant le tri dans ma messagerie, j'ai retrouvée votre mail et votre magnifique texte dediée à l'une de vos amies "Sans Vous", en ce mois d'OCTOBRE ROSE elle est à point nommée et très émouvante, la voici.

 

https://jaime-les-musees-et-les-vieilles-pierres.blog4ever.com/octobre-rose-1

 

 

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Sans vous…

 

C’est curieux, l’intensité de ce calme, cette parenthèse, comme suspendue, des bruits familiers.

 

Même la respiration se maîtrise, le souffle se  fait discret, n’osant pas le bruit d’une exhalaison dérangeante.

 

J’ai éteint la radio et cliquète mes mots sur le clavier, m’appliquant à ne pas trop appuyer les doigts au gré des touches. C’est le temps de pause. Ne pas parler. Bouger à peine. S’imposer la solitude pour apprendre à mieux accepter l’absence.

 

Seule ma pensée  trotte dans les sentiers embaumés de thym naissant, de romarin fleuri. Les rues se sont faits ruisseaux, les iris s’y éclaboussent les pieds, les violettes se cachent dans l’herbe drue. 

 

Plus haut, là où s’impose quelquefois le givre, même après l’hiver, les jonquilles, se haussant du col, ont tapissé les prés. Nul promeneur ne les cueillera : c’est défendu, jasent bruyamment les geais voisins !  

 

Paré d’or, l’écureuil pressé émerge des ramures du mimosa, saupoudrant de pollen les mésanges surprises. Le soleil consent à s’attarder plus longtemps, revenu de son hibernation  saisonnière. Voilà donc que le printemps revient.

 

Et ce sera sans vous, douce amie que j’aurais voulu mieux connaître. Tous ces moments-là, ce réveil des champs et des montagnes, il était convenu que nous irions le voir de près, ensemble. Mais vous êtes partie du monde et me voilà solitaire, à vous les décrire, faute de les partager.

 

Quand je m’en retournerai dans ces dehors qui font tellement du bien à l’âme, je vous emmènerai, discrète dame à qui l’on confisqua trop tôt le temps des promenades. On ira ensemble cheminer sur les sentiers si parfumés qu’on leur pardonne leur trop-plein de pierres.

 

J’aurai d’ici-là apprivoisé ma peine et, si vos pas ne résonnent pas près des miens, moi, je saurai les entendre. Assise dans la mousse ou sur quelque muret vainqueur du temps, j’écouterai votre rire et suivrai votre regard ému s’attardant  sur les beautés des paysages d’ici. On lorgnera les primevères sans toucher à leurs pieds fragiles, vous irez respirer les genêts naissants, la menthe et les hauts fenouils.

 

Vous vouliez savoir mes champs et mes prés, si loin de ce Roussillon éclatant de soleil. Alors, je vous dirai, des prairies de mon enfance, la beauté des pensées sauvages, les bleuets blottis sous les blés, les coquelicots en habit pourpre et noir, et ces champs de tournesols, à perte de vue, comme dans les tableaux de Vincent.

 

Je vous raconterai aussi ... ou bien – et peut-être est-ce mieux -  je ne dirai rien. Je m’imprégnerai de ce moment-là, empli de votre invisible présence. 

 

Le temps ne nous est plus compté, alors, en artistes complices, nous peindrons à l’envi, vous les collines en rose et moi le ciel en vert. Nos arcs-en-ciel imaginaires se pareront d’argent ou d’or. Et nous seules, au fil des heures, déciderons de  la course des nuages.  

 

Paupières closes.

 

C’est vrai que le monde est plus beau quand on voit avec les yeux du cœur.

 

Renée, 6 mars 2020

 


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Vous écoutez une de mes Ave Maria préférée, celle de Charles Gounoud  jouée au saxophone, par Caio Mesquita (oui j'en ait quelques unes que j'adore). J'aime beaucoup l'écouter dans les églises car elles resonnent et touchent l'âme, dans la Cathédrale de Maguelone, dans l'église Saint Roch et la Cathédrale Saint Pierre à Montpellier.

 

 



02/10/2023
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